Art&fact - Voyage - Venise

La Sérénissime au rythme de la Biennale d’art contemporain

Du mardi 20 au dimanche 25 septembre 2022

L'Exposition internationale d'art de la Biennale de Venise est la plus prestigieuse manifestation du genre. C'est aussi la plus ancienne : elle se tient pour la première fois en 1895 pour célébrer les 25 ans de mariage du roi Humbert Ier et de Marguerite de Savoie. La Biennale se déploie dans les Giardini et dans l’Arsenal mais aussi dans la ville qui accueille les événements collatéraux ainsi que les manifestations off faisant vivre le patrimoine de la Sérénissime au rythme des recherches artistiques les plus contemporaines.

Venise - Punta Della Dogana

L’Arsenal. Véritable symbole de la puissance de la cité des Doges, l’Arsenal est un vaste complexe jadis dédié à la construction de la flotte vénitienne. Depuis 1999, la Biennale y présente des expositions confiées à des commissaires internationaux. Pour l’édition 2022, Cecilia Alemani a développé un projet autour du livre pour enfants Le lait des rêves (2018) de Leonora Carrington. Les questions traitées saisissent notre époque où la survie même de l'espèce se trouve menacée. Elles cherchent à résumer les doutes qui traversent les sciences, les arts et les mythes au travers de trois thèmes : la représentation des corps et leurs métamorphoses ; la relation entre les individus et les technologies ; le lien entre les corps et la terre. Les artistes ont notamment travaillé à remettre en question la vision occidentale moderne de l'être humain - et surtout l'idéal universel présumé de l' « homme de raison » blanc et masculin - comme centre fixe de l'univers et mesure de toutes choses. À la place se trouvent « de nouvelles alliances entre les espèces et des mondes habités par des êtres poreux, hybrides et multiples qui ne sont pas sans rappeler les créatures extraordinaires de Carrington. » (C. Alemani)

Les Giardini. Créés au début du XIXe siècle sur ordre de Napoléon Bonaparte, les Giardini constituent le site original de la Biennale. Ils accueillent à ce jour 29 pavillons nationaux dont certains conçus par des architectes de premier plan comme Josef Hoffmann, Gerrit Rietveld ou Alvar Aalto. Chaque pays y présente un ou plusieurs projets retenus pour leur représentativité de nos sensibilités contemporaines. Sous commissariat de Hilde Teerlinck, la conservatrice de la Fondation Han Nefkens à Barcelone, le Pavillon Belge est occupé par Francis Alys. L’artiste né à Anvers y déploie une installation associant des petits formats peints et un labyrinthe d’écrans. Ses vidéos filmées « sans intervenir » révèlent les règles non-dites du jeu, la façon inventive dont les enfants s’emparent de leur environnement, leur profonde complicité, leur optimisme, leur joie. D’une séquence à l’autre, les sons et les images interagissent comme les fragments d’un tout, des allégories restituant la complexité d’une réalité parfois brutale.

Patrimoine et arts contemporains. Les différents déplacements dans Venise permettront de faire la part belle au patrimoine de la Sérénissisme dont l’extraordinaire collection de peintures anciennes de l’Accademia. La Biennale est aussi l’occasion de découvrir des lieux patrimoniaux prestigieux spécialement ouverts pour accueillir les expositions qui ne prennent pas place dans les Giardini et l’Arsenale. Une sélection d’événements collatéraux parmi la trentaine de projets repris dans le programme officiel (Kehinde Wiley, Chun Kwang Young, Claire Tabouret, Heinz Mack…) et d’expositions off conçues comme des manifestations libres de toutes contraintes imposées par la Biennale permettront d’ouvrir la porte de palais d’habitude inaccessibles au grand public.

La Pinault Collection présente deux expositions qui rendent hommage à des figures majeures de la scène artistique contemporaine. Dans l’écrin précieux du Palazzo Grassi, Open Ends documente le travail de Marlène Dumas (1953) au travers de plus d’une centaine tableaux emblématiques. Avec ses portraits représentant aussi bien la souffrance, la peur que l’extase, l’artiste d’origine sud-africaine décline les grands questionnements qui traversent son œuvre : l’amour et la mort, l’innocence et la faute, la violence et la tendresse… La Punta della Dogana magistralement réaffectée par Tadao Ando en 2009 accueille quant à elle Contrapposto Studies qui se concentre sur trois axes fondamentaux dans l’œuvre de Bruce Nauman (1941) : l’espace de l’atelier, le corps et l’expérimentation sonore. L’exposition rassemble des œuvres majeures dont une série autour d’une pièce fondatrice intitulée Walk with Contrapposto et propose une expérience immersive invitant le visiteur à mettre en jeux ses sens et son esprit.